Jan 25, 2011

LE SCANDALE ... DU RIZ !

Le Président Aquino veut identifier et déposer plainte contre les gens qui auraient bénéficié d’irrégularités et de surfacturation dans l’importation de riz par le pays sous l’administration précédente, l’administration Arroyo.

Comme expliqué dans un autre post, les Philippines sont devenues le premier importateur mondial de riz alors que de plus en plus de rizières sont en friches ou transformées en zones constructibles. Un moyen comme un autre de faire de l’argent rapidement.


Ternate n’est qu’une petite ville de plus ou moins 24.000 habitants, mais nous avons ici nos subdivisions fantômes.

J’explique. Vous avez un peu d’argent et vous achetez quelques hectares de rizières. Le prix d’achat des terres agricoles se situe ici entre 25 et 50 pesos le mètre carré. Vous vous arrangez pour faire passer ces terres du statut de terres agricoles au statut de zone constructible, ceci grâce à vos connexions et avec un peu d’argent sur la table, pas besoin de passer le pot de vin sous la table.

Vous montez un projet immobilier avec des lots de terrain dont les prix vont osciller entre 3.000 et 4.000 pesos le mètre carré.
Vous allez dans une banque, celle qui vous semble faire la meilleure proposition, celle avec laquelle vous avez quelques accointances et vous pouvez lever 50 % du prix de vente estimé.

Prenons un exemple chiffré et en simplifiant.
Vous achetez dix hectares de rizière au prix de 30 pesos le mètre carré, votre prix d’achat est de 3.000.000 (3 millions).
Du fait des rues, des espaces verts, éventuellement d’une place et d’un terrain de jeux … 8 hectares sont destinés à la vente.
80.000 mètres carrés que vous aller vendre (sur le papier tout du moins) à 3.500 pesos le mètre carré. Prix de vente … 280.000.000 (280 millions) de pesos.
Bien évidemment, la banque ne va pas débloquer l’argent en une fois. Les paiements vont peut-être s’étaler sur un an. Vous aller devoir commencer quelques travaux pour justifier les paiements. Une clôture, un portail monumental, un peu de drainage, une maison de gardien, peut-être une maison témoin. Votre investissement pour ces postes … poussons jusqu’à 10 millions. A ce moment, la banque débloque le solde du prêt consenti et … vous disparaissez !

Vous avez reçu de la banque 140 millions, le terrain vous a coûté 3 millions, le début des travaux 10 et les pots de vin 10 millions également. Bilan, vous partez, en général au Etats-Unis avec 140 – 23 = 117 millions, arrondissons à 120 millions de pesos. En € cela fait tout de même 2 millions. Trois ou quatre opérations de ce genre en simultané, vous permettent de prendre une petite retraite tranquille, en Floride par exemple. Pas de poursuites judiciaires, la banque a une garantie … le terrain … qui va redevenir une friche dans les années suivantes. Et pourquoi ne pas recommencer, cela fait de nombreuses années que le système fonctionne ainsi.


Mais, revenons au riz, ou plutôt à l’importation de riz.


Aux Philippines c’est la NFA (la National Food Administration) qui gère les stocks, le prix et l’importation du riz. Il existe deux circuits, un circuit plus ou moins libre et un secteur subventionné par le Gouvernement et géré par la NFA.


Durant les années de l’administration Aquino, les importations de riz effectuées par la NFA ont été supérieures aux besoins du pays. Pourquoi ?

Il existait au moins deux combines pour faire de l’argent.
Surfacturation de US$ 60 la tonne sur le prix d’achat et mise sur le circuit normal de riz subventionné.

Surfacturation, tout le monde connait, j’explique le circuit du riz subventionné. Tout simple, le riz subventionné, par exemple vendu à 20 ou 25 pesos par kilo et destiné aux plus pauvres, ce riz qui ne pouvait être vendu que dans des boutiques NFA, se retrouvait sur le marché traditionnel au prix de 40 ou 45 pesos le kilo. D’autre part, une partie de ce riz NFA était destiné également à des distributions gratuites, dans des zones sinistrées par exemple … mais il se retrouvait souvent sur le marché traditionnel au prix normal. Imaginez les gains possibles quand on sait que se sont des millions de tonnes qui sont en jeu.


Les Philippines ne sont pas et de loin, le seul pays ou ce type de trafic se pratique.

Donc le Président Aquino veut amener le ou les coupables devant la justice ! Bien, très bien même. Mais (il y a souvent des ‘’mais’’ aux Philippines), Malacañan, le Palais du Président, précise que le ou les coupables seront identifiés et trainés en justice une fois que la NFA en aura fini avec son audit interne.

Chaque chose arrivera en temps et en heure. Nous faisons procéder à un audit officiel dans lequel nous sommes impliqués. Nous accumulons les preuves de façon à en coincer certains, indique le porte parole du Président Abigal Valte.

Rafael Mariano dit que Aquino doit prouver ce qu’il avance concernant une supposée ‘’mafia du riz’’ au sein de la NFA et démontrer qu’il ne s’agit pas d’un simple coup médiatique, en identifiant et en poursuivant les officiels impliqués dans ces combines.
Il ajoute que si Aquino est réellement sincère, il doit immédiatement porter plainte pour vol et sabotage économique contre les responsables de cette sur importation et surfacturation de riz durant l’administration Arroyo.

Valte répond qu’elle n’a pas la liberté de parler de l’audit qui est en cours, elle ajoute qu’Aquino sera le premier à en prendre connaissance.
Le Président, parlant de l’importation de riz pour les premiers six mois de 2010, indique qu’un petit groupe, voire une seule personne, aurait pu en bénéficier.

L’élu de Bohol, le Rep. Arthur Yap, qui dirigeait le Département de l’Agriculture à cette époque, n’a pu être joint.

Mariano, qui est le vice-président du comité sur l’agriculture et l’alimentation, dit que l’administration Aquino veut utiliser cet argument pour justifier la privatisation de la NFA.

Et j’en passe et des meilleures.
Ce qui est certain, c’est qu’une infime majorité s’en s’est mis plein les poches au détriment des plus pauvres. Maintenant, va-t-il en sortir quelque chose … ou va-t-on laisser traîner les choses jusqu’à la prochaine administration ?

Une fois de plus, wait and see !


Le Senat s’en mêle !

Le Sénat, par la voix de Franklin Drilon voudrait que le ‘’Senate Blue Ribbon Comittee’’ regarde dans cette affaire de surfacturation et de sur importation de riz, mais en se limitant aux six premiers mois de 2010.
Le Blue Ribbon Comittee est un comité du Senat philippin qui peut conduire une enquête sans qu’il y ait eu de vote préalable.

En général beaucoup de parlotte et il n’en sort pas grand-chose.

Enfin Drilon soulève un point important en disant qu’il serait peut-être temps de revoir le mandat et les pouvoirs du board of Trustee du NFA (en fait les dirigeants).
La charte de la NFA a plus de trente années d’existence, sans modification, peut-être serait-il temps de proposer quelques amendements afin d’éviter ce genre de malversation dans le futur.
Le riz subventionné de la NFA pour les familles pauvres est vendu 25 pesos par kilo. Dans les plus pauvres des régions son prix descend à 18,25 pesos, toujours par kilogramme.

Avec le système mis en place, un grand nombre de pauvres n’avait plus accès au riz NFA (pas disponible) … leur seul recours, acheter ce même riz subventionné, mais au prix fort de 35 à 40 pesos dans le circuit traditionnel.


N.B. : le riz est l’aliment de base du peuple, il y a du riz au petit déjeuner, au déjeuner et au dîner et ce, chaque jour de l'année.



Expériences, critiques et commentaires, comme d’habitude sont les bienvenus.

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