Nous
avons la chance, ici à Ternate, d’avoir une partie de la forêt originelle qui
demeure en place.
Le Park
National du Mont Palay, bien que sous sévère pression, principalement du fait
de squatters arrivés de Manille, nous permet de pouvoir contempler ce que
devaient être les forêts de l’archipel avant la déforestation sauvage de ces
dernières décennies.
Tous ceux qui habitent ou ont habité Manille et qui possèdent un jardin arboré, savent depuis des décennies, qu’il leur est formellement interdit d’abattre un seul arbre sans les autorisations nécessaires des autorités locales et gouvernementales.
Ceci dans un but écologique, afin de préserver de la verdure dans la ville et d’absorber le gaz carbonique contenu dans l’air particulièrement pollué de la capitale.
Et vous pouvez me croire, il était et il est toujours extrêmement difficile d’obtenir une autorisation pour couper un arbre dans Manille, même s’il s’agit de votre propre arbre et que celui-ci se trouve dans votre jardin.
Il y a néanmoins eu quelques abattages illégaux, le dernier en date étant l’abattage de 29 arbres dans le parc faisant face à la cathédrale de Manille, Plaza Roma dans la vieille ville d’Intramuros.
Ce qui devait être un élagage s’est transformé en abattage, vous pouvez voir le résultat sur les photos. La Directrice de l’administration d’Intramuros a présenté ses excuses pour la coupe non autorisée de 29 arbres de l’essence Nara.
Ne pas oublier que le bois cela se vend, cela se vend d’autant mieux s’il s’agit de bois de la qualité du Nara.
L’Administrateur d’Intramuros dit que la demande d’un permis pour l’élagage a été faite, dans le but de dégager la vue sur la façade de la cathédrale qui commençait à être bouchée.
Dans un projet de réaménagement de la place, les arbres coupés seront remplacés par 22 flamboyants. Pour ceux qui connaissent le flamboyant, je vous invite à venir visiter la vieille ville, qui est une ancienne forteresse espagnole, durant la floraison : cela devrait être un magnifique spectacle, plus de 200 flamboyants ayant été plantés récemment.
Bon, revenons en à nos moutons ou plutôt à nos arbres qu’il est maintenant totalement interdit d’abattre etc ce, sur l’ensemble du territoire philippin.
Le 3 février dernier, le Président Aquino a ordonné un moratoire sur l’abattage des arbres dans les forêts nationales et résiduelles de façon à protéger et à stopper la destruction du système naturel d’écoulement des eaux et des rivières.
Aquino a signé l’Exécutive Order (EO) 23 et l’a annoncé lors de l’inauguration de la nouvelle station d’épuration de Maynilad Water Services dans la ville de Muntinlupa.
Pour ceux qui ne connaissent pas, l’abattage illégal d’arbres est devenu un ‘’Big Business’’ et les morts pour la ruée vers le bois ne se comptent plus depuis longtemps. Il y a quelques semaines, dans le sud du pays, un garde qui surveillait un lot de bois saisi a été abattu au fusil d’assaut.
En général des hommes du pouvoir local à la tête de gangs, véritables armées privées, qui font régner la terreur par les armes et qui cherchent par tous les moyens à faire de l’argent facile, sont directement impliqués dans le trafic illégal du bois.
Le Président sait que cette loi va rencontrer l’opposition des industriels du bois, mais il indique que sa mise en vigueur est une obligation de l’Etat, dans le but de protéger l’environnement, les personnes et les biens.
Un rapport réalisé par des membres du Bureau Présidentiel montre que, durant la seule année 2010, les calamités naturelles directement causées par la déforestation ont coûté la vie à 36 personnes. Trois autres personnes sont toujours portées disparues, 118.720 familles ont été déplacées et le coût des dommages aux propriétés est estimé à 142 millions.
En vertu de l’EO 23 (Executive Order), le départment of Environment and Natural Ressources (DENR), à l’ordre de stopper immédiatement les activités de toutes les compagnies d’abattages, tandis qu’un processus de révision des agréments des coupes est mis en place.
Le DENR, le Department of Energy and Natural Ressources, est chargé de l’application de cette nouvelle loi et il lui est formellement interdit de délivrer ou de renouveler des permis d’abattage dans toutes les forêts naturelles et résiduelles et ce, sur l’ensemble du territoire.
La place de Directeur du DENR était très demandée et la valse de permis contre pot de vin monnaie courante. Le général A. Reyes, qui vient de se suicider suite aux accusations dont il faisait l’objet dans le cadre de détournements de fonds de l’armée, en a été le Directeur. Peut-être les candidats au poste seront-ils moins nombreux désormais !
Il y aura néanmoins quelques exceptions : l’élagage et l’abattage le long des routes seront en partie autorisés pour le Department of Public Works and Highways. Les sites en préparation pour un reboisement, la sylviculture et des activités similaires … à la condition que les bois abattus soient retournés au DENR, sans possibilité de vente privée. Ce qui risque encore de causer pas mal de corruption.
L’abattage, en relation avec les pratiques tribales selon l’Acte des droits des populations indigènes (Indigenous Peoples Right Act), pourra être autorisé selon un schéma définit par le DENR. Certaines tribus faisant de la culture sur brûlis, mais en conservant généralement les plus gros arbres.
Le département de l’environnement mettra en place un système strict de certification des forêts sur la base des standards définis par les Nations Unies, ceci afin d’assurer une source légale d’approvisionnement pour les industries de la filière bois.
DENR fermera et démantèlera les scieries et autres unités de la filière bois qui seront incapables d’apporter les preuves de la légalité de leurs approvisionnements sur une période de cinq ans.
DENR aura également la charge de créer des partnerships avec les entités suivantes : le Département de l’éducation, de façon à initier des campagnes d’éducation auprès des jeunes ;
- Avec les gouvernements locaux il mettra en place des fermes communales pour la fabrication de bois utilisé comme combustible ;
- Avec le Department of Social Welfare (affaires sociales) il identifiera les fermiers des hautes terres qui seront en priorité bénéficiaires du ‘’Cash Transfert Program’’.
Financement destiné à la re-location de certaines personnes affectées par la nouvelle loi.
Le Department of Budget and Management (ministère des finances) apportera les fonds nécessaires à la production de graines de qualité, ceci pour le reboisement.
Le secteur privé ainsi que les organisations non gouvernementales seront sollicitées pour trouver des fonds et les ressources nécessaires aux replantations.
C’est le Deped (éducation nationale) qui aura priorité pour l’utilisation des bois confisqués et saisis.
Les dernières données disponibles au Bureau des Forêts montrent que 1,39 millions d’hectares de forêts philippines sont concernées par des arrangements pour la coupe d’arbres, comme les Timbers Licence Agreements, les Integrated Forest Management les Agreement et Socialized Industrial Forest Management Agreement.
Ce sont 1.959 entités qui détiennent les droits sur ces agréments qui représentent 22 % des 6,43 millions d’hectares de forêts qui restent dans le pays.
Une Task Force contre l’abattage illégal sera créée et elle aura pour charge de faire strictement respecter la loi.
Elle sera dirigée par le Secrétaire (ministre) du DENR ou son représentant, les Secrétaires des DILG (gouvernements locaux), du Chef de la police nationale et des Commandants de régions des Forces Armées Philippines.
Peu, voire aucun autre pays au monde, n’était originellement plus complètement recouvert par la forêt tropicale que les Philippines.
Le Brésil à de vastes savanes et du ‘’bush’’ ; l’Indonésie a de nombreuses îles arides, quasi désertiques ; le Kenya et la Tanzanie n’ont que de petites portions de forêts tropicales.
Il y a quelques centaines d’années, au moins 95 % du territoire philippin était recouvert par la forêt tropicale, la forêt vierge.
Quand les Espagnols arrivèrent au 16ème siècle, quelques endroits épars avaient été déboisés le long des côtes pour construire des villages et pour l’agriculture. Le seul ruminant domestiqué était alors le buffle d’eau et les pâturages étaient rares.
Le déboisement touchait également quelques infimes parties de l’intérieur, particulièrement les terrasses de riz au nord de Luzon dans la Cordillera Centrale.
La majorité des régions côtière et les basses terres des vallées étaient totalement recouvertes par la forêt.
Vers 1.600, l’on estime que la population des Philippines devait-être de l’ordre de 500.000 individus et la forêt recouvrait au moins 90 % du territoire.
A la fin de la colonisation, après plus de 300 ans de domination espagnole, la forêt couvrait encore 70 % du pays. Quelques îles ayant été sérieusement déboisées, alors que d’autres demeuraient totalement épargnées.
Des scientifiques en mission sur Cebu dans les années 1890 rapportèrent qu’ils n’avaient pu trouver aucune ancienne forêt et les îles voisines de Bohol et Panay conservaient moins de la moitié de leur forêt vierge originelle. Même si les grandes plaines de Luzon avaient été peu à peu déboisées pour l’élevage et l’agriculture, la grande majorité des forêts situées sur les hauteurs demeuraient intactes.
Les forêts de Mindoro demeuraient protégées par une souche très virulente de la malaria, celles de Palawan par leur éloignement et celles de Mindanao demeuraient pratiquement intactes du fait de l’indépendance très agressive du peuple Moro.
Datée de 1992, la plus récente étude montre que l’ancienne forêt, la forêt primitive, ne représentait plus que 8,6 % du territoire. Au début de ce siècle, le 21ème, ce pourcentage est très certainement passé à moins de 7 %.
Les Philippines détiennent certainement un nouveau record, celui de la déforestation la plus rapide au monde, passant en moins d’un siècle de 70 % à 7 % de forêt vierge.
Cette dégradation est aussi responsable de l’augmentation du nombre des inondations, des sècheresses, d’une érosion massive et de la diminution des nappes d’eau phréatiques.
Il était temps de faire quelque chose, de prendre une décision ferme sur ce sujet brulant. Enfin une base légale pour stopper ce fléau qui a coûté très cher en vies humaines. Inondations à répétitions, glissements de terrains meurtriers, récoltes détruites, infrastructures emportées …
Sous le régime Arroyo, l’abattage des arbres était devenu une véritable institution et tout le monde touchait, mais dans des proportions très disparates. Les officiels locaux touchant le gros paquet, les miettes (et les risques) étant pour la piétaille.
Car ceux qui prennent les risques dans ce trafic ce sont les petits, ceux qui sont chargés de l’abattage et du transport. Les véritables bénéficiaires, les donneurs d’ordres, ceux qui ont les filières pour écouler ces bois coupés illégalement n’apparaissent jamais au grand jour.
Maintenant, il nous reste à voir comment cette loi va être appliquée sur le terrain, les mauvaises habitudes ont la vie dure !
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