Apr 27, 2011

ENCORE PLUS ... DE PAUVRES ?

L’AUGMENTATION BRUTALE DU PRIX DE LA NOURRITURE MENACE LES PAUVRES



Il y a quelques jours, sur mon blog ‘’expat aux Philippines’’, je faisais remarquer l’importante hausse du nombre de pauvres que l’on trouve aux Philippines. J’en tenais pour principal responsable l’augmentation sensible du prix des produits alimentaires, je précisais que si l’inflation officielle se situait autour de 5 %, l’inflation sur le prix de la nourriture se situait, pour moi, bien au-dessus des 10 pour cent.


Je suis conforté aujourd’hui dans mon idée par une étude de la Banque Asiatique de Développement qui vient juste d’être rendue publique.

L’augmentation brutale des prix mondiaux alimentaires, qui atteint 30 pour cent pour les seuls deux premiers mois de l’année, menace de mettre des millions d’asiatiques dans une extrême pauvreté, annonce la Banque Asiatique de Développement ce mardi 26 avril. ADB, Asian Development Bank, dont le siège est à Manille.


L’augmentation des prix se traduit par une inflation moyenne de 10 % sur les prix alimentaires dans de nombreuses économies asiatiques, ce qui pourrait entrainer 64 millions de plus de gens dans la pauvreté, dit la banque dans son rapport. Elle ajoute que cela va également éroder sensiblement les standards de vie des familles qui vivent actuellement dans la pauvreté.
J’aime bien la formule de la banque : éroder sensiblement, etc.
Pauvres gens, mangez des artichauts et des moules, ce sont des plats avec lesquels vous en avez plus dans l’assiette la fin du repas qu’au début. Bon, passons.


Les prix ont été poussés à la hausse par l’augmentation des cours du pétrole, une baisse de la production du fait de mauvaises conditions climatiques et par des restrictions à l’exportation mises en places par plusieurs pays producteurs.

Dans l’éventualité où les prix alimentaires et du pétrole persisteraient dans cette tendance inflationniste, ce pourrait être 1,5 point de croissance économique qui serait perdu dans les pays émergeants du sud-est asiatique.

Certains pays seront plus fortement touchés que d’autres.
Singapour est hautement vulnérable à ce type d’inflation du fait de sa quasi dépendance, la petite cité-état important pratiquement toute sa nourriture.
La Corée du Sud, qui importe très peu et ou l’alimentation compte pour une faible part dans l’indexe des prix à la consommation, sera moins touchée.

La hausse rapide des prix alimentaires est une menace sérieuse pour la région qui se remet tout juste de la crise économique mondiale.

Le déclin des stocks de grain, une plus forte demande des pays asiatiques à forte population et la diminution de la surface des terres cultivées vont contribuer à garder les prix alimentaires à un haut niveau dans le court terme.
Sécheresse en Chine, le principal producteur de blé et inondations dans les régions d’Asie productrices de riz, ont réduit la disponibilité de ces matières premières.


Le chef économiste de la Banque, Changyong Rhee, dit que les interdictions d’exportation et autres mesures similaires doivent être évitées. A la place, il préconise plus de dépenses afin d’augmenter la productivité agricole et plus d’investissement afin d’améliorer l’irrigation, le stockage et les autres infrastructures.


A ce sujet, il faut savoir que 30 à 40 pour cent de la production rizicole philippine est perdue. Le système d’irrigation date du temps des Américains, l’entretien et les réparations sont quasi-inexistants. Le stockage ? Avez-vous vu beaucoup de silos aux Philippines ? Où fait-on sécher le riz ? Sur les routes, voitures et camions passent dessus, du 100 pour cent brisures, bon pour l’alimentation animale, etc.


Changyong Rhee ajoute que si rien n’est fait, la crise alimentaire va rapidement annuler les récents gains de réduction de la pauvreté en Asie.

Les familles pauvres asiatiques sont beaucoup plus touchées par l’inflation des prix alimentaires, car elles dépensent pratiquement 60 pour cent de leurs revenus dans le poste alimentation, un pourcentage très nettement supérieur à celui des pays développés.
Deux tiers des pauvres du monde, soit environ 600 millions de personnes, ceux qui vivent avec 1,25 US $ ou moins par jour, habitent les pays asiatiques en voie de développement.

En comparaison, les gens qui vivent dans les pays riches dépensent environ 15 pour cent de leurs revenus dans le poste nourriture, de ce fait l’impact de l’augmentation des prix alimentaires n’y est pas aussi important.
De plus, la grande majorité des produits alimentaires vendus dans les pays riches sont industriels et le prix de la transformation représente souvent un pourcentage plus important que le prix du produit de base.


Les prix des produits alimentaires ont fait un bond de 34,2 pour cent en février, comparé à il y a un an et de 28,4 pour cent en janvier. Principaux produits affectés, les céréales, les huiles et la viande.
La FAO (Food and Agriculatural Organization) met en garde que 29 pays, en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique Latine et aux Caraïbes vont avoir besoin d’une assistance alimentaire cette année.


Le Cambodge et le Laos devront certainement faire face à une pénurie alimentaire du fait de pluies arrivées en retard et de façon erratique.


Que va-t-il se passer aux Philippines où 30 pour cent de la population avait des difficultés à se nourrir avant cette inflation spectaculaire et préoccupante des prix des produits alimentaires ?




Expériences, critiques et commentaires, comme d’habitude sont les bienvenus.

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